C'est arrivé demain, le retour. BD, SF et nouvelles images.
Une exposition du Miroir de Poitiers, présentée à la Chapelle Saint-Louis à Poitiers. Du 7 juillet au 14 octobre 2018
Avec l’ambition de questionner et de réinventer la pratique de l’exposition, le Miroir a choisi d’explorer l’univers de la bande dessinée et de la science-fiction au travers de deux expositions très différentes en 2017 et 2018. Un premier épisode a permis pendant l’été 2017 de faire découvrir au public, grâce à une remarquable sélection de planches et dessins originaux, une histoire, certes non exhaustive, mais néanmoins significative de la bande dessinée de science-fiction des années 1930 à aujourd’hui. Cette première exposition est aujourd’hui suivie d’un second épisode intitulé "C’est arrivé demain, le retour, BD, SF et nouvelles images".
La bande dessinée, à l’instar de l’ensemble des pratiques artistiques, graphiques et visuelles, est aujourd’hui impactée par le développement des nouvelles technologies et du numérique. Si le support papier n’est pas menacé de disparition, il paraît légitime d’interroger les relations entre la bande dessinée de science-fiction et ces nouveaux outils. Ce en créant un dialogue entre l’univers de quatre auteurs-dessinateurs contemporains, qui pour certains utilisent les outils numériques dans leur processus de création, et des acteurs qui développent ces nouvelles formes d’images, qu’ils soient chercheurs, scientifiques, entrepreneurs ou artistes.
Tel est le postulat de l’exposition : provoquer une rencontre entre quatre dessinateurs au travers de quatre albums et des « inventeurs de nouvelles images ».
Quatre auteurs-dessinateurs, quatre albums
L’exposition se fonde sur quatre ouvrages dont sont extraits quelques axes significatifs, définis en accord avec les auteurs. C’est donc l’occasion de découvrir quatre univers graphiques et narratifs, trois spécifiquement inscrits dans la science-fiction et un nous ramenant à la réalité de la conquête spatiale avec l’expérience de Thomas Pesquet racontée par Marion Montaigne.
Mathieu Bablet, Shangri La, Ankama Editions, 2016.
Dans un futur de quelques centaines d’années, les hommes vivent dans une station spatiale au large de la Terre qui est prétendument devenue invivable. La station est régie par une multinationale omnipotente qui impose un ordre apparemment parfait dont tout le monde semble se satisfaire. Dans ce contexte, des hommes veulent repousser leurs propres limites en mettant en place un programme visant à créer la vie à partir de rien. Ils comptent bien réécrire la « Genèse » à leur façon.
Denis Bajram, Universal War One, Editions Quadrants solaires, 1998.
Entre Saturne et Jupiter, au cœur des jeunes Etats les plus prospères de la Fédération des Terres Unies, la troisième flotte de l'United Earthes Force veillait sur la périphérie du système solaire. Mais le MUR est apparu, insondable, créé par des compagnies privées. Ici commence la Première Guerre Universelle dans laquelle s’illustre une escadrille de baroudeurs incontrôlables et trompe-la-mort.
Beb-deum, Mondiale TM, texte de Alain Damasio, les Editions nouvelles, 2017.
Mondiale™ est un livre d’art fictionné, entre le carnet d’anthropologue tombé du futur et le catalogue d’êtres humains devenus des marchandises. Galerie de portraits et de récits brefs qui les traversent et leur donnent voix, cet ouvrage porte au point de fusion les corps métis fascinants de Beb-deum avec les fictions d’Alain Damasio, auteur de science-fiction et Grand Prix de l’imaginaire.
Marion Montaigne, Dans la Combi de Thomas Pesquet, Editions Dargaud, 2017.
Le 2 juin dernier, le Français Thomas Pesquet, 38 ans, astronaute, rentrait sur Terre après 6 mois passés dans la Station spatiale internationale. La réalisation d'un rêve d'enfant pour ce pilote qui a été sélectionné parmi 8413 candidats et suivi une formation intense 7 ans durant. Dans cette bande dessinée de reportage, Marion Montaigne raconte avec humour et un véritable talent pour la vulgarisation, l’odyssée de ce héros : sa sélection, sa formation, sa mission dans l'ISS et son retour sur Terre.
Créateurs numériques
Cinq acteurs du numérique viennent dialoguer avec les quatre ouvrages de bande dessinée :
Studio Nyx : entreprise spécialisée dans le développement de jeux vidéo, de simulateurs industriels et d’expériences en réalité virtuelle (Angoulême).
Chef de projet : Romain Soulié. Auteur et ouvrage associés : Denis Bajram, Universal war 1.
XLIM, l’institut sciences et technologies de l’information et de la communication, (laboratoire CNRS situé à Limoges et Poitiers).
Chefs de projet : Lilian Aveneau et David Helbert, enseignants chercheurs et Raphael Lenain, ingénieur de recherche. Auteur et ouvrage associés : Marion Montaigne, Dans la combi de Thomas Pesquet.
Databaz, espace de création et de production pour les “arts médiatiques” et les pratiques inter-médias. Au croisement de la poésie, de la performance, des arts visuels et sonores, des arts numériques et électroniques, Databaz investit le champ de la création numérique d’un point de vue artistique et expérimental (Angoulême).
Chef de projet : l’artiste Philippe Boisnard. Auteur et ouvrage associés : Beb-deum, Mondiale TM.
Everyware : collectif de jeunes artistes numériques, diplômés de l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image - Poitiers et Angoulême, Lucile Thierry, Clément Sipion, Nicolas Leray. Auteur et ouvrage associés : Mathieu Bablet, Shangri-La.
Nyktalop Mélodie, association développant une activité de création visuelle et sonore hybridant techniques anciennes et nouvelles technologies (Poitiers). Equipe mobilisée : Stéphane Le Garff, Aurélie Mourier, Joseph Jaouen, Pauline Bonnaud, Nicolas Rouget, Monika Mojduszka, Cédric Boissinot. Auteur et ouvrage associés : Marion Montaigne, Dans la combi de Thomas Pesquet.
Musique et art contemporains
Marion Tampon-Lajarriette artiste plasticienne et Grégoire Lorieux, compositeur, dont le travail est produit par l’ensemble instrumental Ars Nova, investissent ensemble deux modules situés au centre du parcours de l’exposition. Ces deux modules sont conçus comme des transitions, des moments de rupture et de contemplation qui se différencient des autres espaces d’exposition. Une dimension onirique y est développée qui instaure un dialogue entre les albums, la musique et l’art contemporain.
Les deux artistes ont liberté de porter leur regard sur les quatre albums avec leurs moyens propres (la lumière, la vidéo, le son…), de façon à proposer au visiteur une vision totalement autre des univers qui y sont déployés. Leur démarche s’inscrit en contrepoint au sens musical du terme : système d'écriture musicale qui a pour objet la superposition de plusieurs lignes mélodiques.
L'exposition
Une exposition ludique, interactive et itinérante (Juillet-novembre 2018 - 2021)
L’exposition est constituée d’un parcours scénographié de six modules métalliques reliés par des sas que le visiteur traverse. La scénographie intérieure du parcours s’inspire de l’esthétique des bases spatiales et des vaisseaux imaginés par la bande dessinée, mais aussi le cinéma de science-fiction ou la télévision (ex. Cosmos 1999). La volonté d’immerger le visiteur dans un espace confiné est revendiquée, en référence à cette esthétique. Parallèlement aux modules où l’on découvre les propositions technologiques et visuelles des acteurs du numérique et des artistes, des sas les reliant apportent des éléments de médiation par l’écrit : biographie des auteurs, textes sur les thèmes et angles abordés.
Le décor des quatre modules consacrés aux quatre auteurs renvoie à l’univers de leurs ouvrages. Ainsi, par exemple, le module consacré à Marion Montaigne et à l’aventure de Thomas Pesquet s’inspire-t-il de l’intérieur de la station spatiale internationale (ISS).
L’exposition est conçue pour être itinérante, fractionnable et adaptable à diverses configurations spatiales. C’est-à-dire que l’on pourra montrer selon l’espace disponible mais aussi l’intérêt de la structure accueillante, un, deux, trois modules ou plus de diverses manières. En novembre 2018, elle sera montrée aux Utopiales, Festival International de Science-Fiction de Nantes, évènement incontournable du genre en Europe et outre-Atlantique. Puis dans les territoires de Grand Poitiers et de la région Nouvelle-Aquitaine en 2019 au travers d’un vaste programme associant diffusion et éducation culturelle et artistique. Enfin, dans les Tours de La Rochelle et à la Villa M à Paris en 2020 et 2021.
Cette itinérance est rendue possible par le fait que l’exposition fait l’objet d’un cofinancement associant la Ville de Poitiers aux institutions suivantes : Centre des monuments nationaux (Tours de La Rochelle), Cité des Congrès de Nantes (Festival les Utopiales), Groupe Pasteur Mutualité (Villa M). A ces cofinancements vient s’ajouter le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine.